Plus imprégnée d’androgènes que d’oestrogènes la peau des hommes possède des caractéristiques physiologiques spécifiques. Cette influence hormonale au niveau cutané induit un film hydrolipidique riche, des sécrétions sébacées accrues et un développement important du système pileux. Ce type de peau est aussi légèrement plus foncée en raison d’un taux de pigments et de carotène supérieur, d’une densité vasculaire plus importante, mais aussi parce que les hommes s’exposent plus facilement au soleil sans protection.
D’une épaisseur supérieure d’environ 25% à celle des femmes, la peau masculine a une très bonne élasticité. En effet, la présence d’un taux de collagène supérieur rend cette peau plus ferme : le vieillissement intervient donc plus tardivement. Le film hydrolipidique est également plus épais grâce à l’importante quantité de lipides de surfaces, garantissant à la fois une meilleure hydratation et une meilleure protection de l’épiderme. Toutefois, cette peau est fragilisée et sensibilisée chaque jour par le rasage.
Les androgènes stimulent les sécrétions sébacées et les follicules pileux. Ainsi, les glandes sébacées produisant le sébum sont plus volumineuses et plus nombreuses chez les hommes. Plus lubrifiée, la peau présente l'avantage d'être naturellement moins sèche. En général ce type de peau est considéré comme mixte ou grasse. Le sébum, synthétisé en grande quantité sur les zones médianes du visage (nez, front, menton) a tendance à rendre la peau luisante et grasse. Cela s'accompagne souvent d'acné sévère lors de l’adolescence avec la présence de points noirs, de comédons et de micro kystes. Cette nature grasse de la peau persiste à l’âge adulte et n'est pas sans conséquence : hyperséborrhée, pores dilatés, poils incarnés suite au rasage. Malgré cette tendance grasse, cette peau est parfois desséchée à cause des agressions quotidiennes qui laisse la peau fragilisée et sensible. Ces problèmes sont accrus par le mode de vie, en particulier celui du citadin (stress, pollution, climatisation, chauffage excessif) mais aussi par le climat et l’absence de protection solaire.
Sous la dépendance des hormones androgènes, le système pileux est particulièrement développé chez l’homme. Chez un individu de sexe masculin adulte, on trouve jusqu'à 500 poils au cm², contre 120 chez une femme, pour laquelle la plupart sont invisibles. Il faut noter que la pilosité est variable dans les divers groupes humains. Par exemple, les amérindiens n'ont pas de barbe et les populations asiatiques en ont très peu. Constituée de 6 000 à 30 000 poils, la barbe s'étend des joues au menton et se prolonge dans au cou. Le port de la barbe et de la moustache dépend de la mode masculine mais également du contexte social et professionnel. Son port peut être perçu comme un manque de propreté ou comme une expression de la personnalité. Principalement composés de kératine, les poils forment une barrière protectrice efficace. Paradoxalement, cette pilosité nécessite un rasage quotidien qui constitue une agression pour la peau.
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La peau masculine entame son processus de vieillissement lorsque le taux de testostérone commence à décroître (- 2 % par an à partir de 30-40 ans). Ainsi, les premiers signes d’alerte apparaissent généralement la trentaine passée. Vers 40 ans, la peau commence à s'assécher, à perdre de son épaisseur et de sa tonicité. ?La peau se relâche, devient beaucoup plus vulnérable aux agressions extérieures et prend souvent un teint grisâtre. Bien que ce vieillissement est plus tardif que celui des femmes, il produit des effets plus marquée et plus rapide. Lorsque les rides apparaissent, elles sont bien souvent plus profondes, les taches et kératoses actiniques sont plus visibles. De plus, la peau souffre des comportements peu préventifs qui aggravent le vieillissement : exposition au soleil, tabac, alcool, habitudes alimentaires, absence de soins quotidiens.
Le rasage est une agression quotidienne. Il élimine le film lipidique naturel, détruit brutalement les cellules de l’épiderme et crée des micro plaies, d’où l'apparition d’irritations, de picotements, de tiraillements, amplifiés dans le cas d’utilisation de lotions alcoolisées. Les soins à apporter à la peau avant, pendant et après le rasage sont cruciaux. En effet, celui-ci induit régulièrement une inflammation du follicule pileux. De petits boutons peuvent se développer suite à une incarnation du poil dans son follicule au moment de la repousse. Cette affection touche 50 à 75 % des sujets de peau noire (barbe drue et dense, poil frisé) et 3 à 5 % des caucasiens.?Elle peut résulter d’un rasage trop court ou d’une pénétration secondaire d'un poil trop long. Cette inflammation du follicule pilosébacé, qui contient la racine du poil peut se surinfecter. Le plus souvent due à la présence d'une bactérie à staphylocoque ou d’un champignon, la folliculite de la barbe se manifeste par de petits boutons rouges, enflammés, qui élisent fréquemment domicile dans le cou. Cette affection peut être généralement évité par un gommage préventif de la peau avant le rasage à l’aide d’un gant de crin ou d’un produit cosmétique exfoliant.